La crémation fait-elle l’unanimité ?

avril, 28, 2022
Bob

En France dans les années 1980, la crémation ne fait déjà pas l’unanimité. Chez les catholiques et alors qu’elle a été totalement exclue de tous les rituels funéraires pendant de nombreuses années, la crémation reste un « tabou », représentant seulement 1 % des rituels funéraires.

Attention, nous ne parlons pas ici des religions où la crémation appartient d’office au rituel funéraire car dans ce cas, la liberté de choisir entre inhumation et crémation n’existe pas. De même, le rituel funéraire musulman bannit la crémation, les corps étant systématiquement déposés dans une sépulture au cimetière.

La crémation, le début d’une évolution 

Lors d’un décès, chaque personne peut ressentir le besoin de se rattacher à ses racines ou à ses repères. Hors, de génération en génération, les racines culturelles ainsi que les croyances et les pratiques religieuses d’une majorité se sont « égarées », faisant place à un nouveau statut où la mort fait partie de la vie, où la crémation remplace l’inhumation au cimetière et où l’urne remplace le cercueil.

Mais les catholiques pratiquants qui acceptent la crémation n’oublient pas le rôle des articles religieux liés à la liturgie, mettant l’homme au contact d’un esprit supérieur. 

La crémation, fait-elle l’unanimité ?

Même si certains éléments peuvent rendre unanimes les personnes concernées par une crémation, certains autres tendent à démontrer le contraire :

  • aujourd’hui, même si environ 45 % des personnes vivantes souhaitent qu’après leur mort, leur corps soit incinéré, il n’y a que 30 % d’incinérations effectives,
  • le rituel funéraire que représente la liturgie, essentiel dans les obsèques catholiques et pratiqué dans un lieu de culte, est absent de l’hommage civil rendu dans un crématorium,
  • la dispersion des cendres, précédemment recueillies dans une urne est fréquente, ce qui peut créer un vide chez ceux qui souhaitent se recueillir au cimetière, sur la sépulture du défunt ou encore devant l’urne au jardin du souvenir, si celle-ci contient les cendres,
  • les crématoriums et les funérariums sont les seuls lieux accessibles pour rendre un hommage civil au défunt avant une crémation. Les proches du défunt (amis et famille) partagent la veillée funéraire et le dernier hommage, mais le lien entre les personnes présentes n’est pas naturel et de plus, il est éphémère et va disparaître lors de la dispersion des cendres,
  • etc.

On sait enfin que la crémation ne fait pas l’unanimité lorsque chaque personne venue rendre hommage au défunt semble vouloir justifier sa position : la crémation c’est bien pour la sauvegarde la planète, la crémation évite le « marchandising » autour du décès ou encore, de façon plus pragmatique, la crémation est une obligation face au taux d’occupation des cimetières (grandes villes comme Paris). Chacune détournant ses pensées du défunt pour se recentrer sur elle-même.

Picture: courtesy of Abby Blank