Interview de Virginie Clève
Bonjour mes chers lecteurs, voici l’interview de ce lundi. Il s’agit plus précisément de l’interview de Virginie Clève, alias largow sur twitter. Virginie écrit également un blog que l’on peut trouver ici : café référencement. Virginie est une figure montante de la scène SEO et marketing web française, et c’est une référenceuse (je me permets cette catégorisation un peu réductrice comme vous allez pouvoir le lire) « in house », ce qui forcément lui donne un point de vue légèrement différent de celui des indépendants et des « agence-tistes ». Et maintenant, place aux questions…
- Bonjour Virginie, peux-tu nous dire rapidement qui tu es ?
Et bien je suis une littéraire que rien ne destinait au web a priori. Mon rêve, étudiante, était d’être conservateur de musée. C’est bien loin de l’instantanéité du web…
En 1999. Je me suis prise de passion pour le web et j’ai recommencé tout à zéro en apprenant sur le tas, avec des bouquins, des forums spécialisés et des conférences dans des salons.
Aujourd’hui, je suis vraiment une accro du web, très rarement déconnectée, même à la plage ou sur les pistes J. Je m’occupe entre autre du site web d’une petite maison d’édition culinaire à titre gracieux pendant mes loisirs…
J’ai commencé comme webmaster avant de m’installer en indépendant. Là tu fais tout : le commercial, le juridique, le développement, le webdesign, l’intégration, le webmastering et… le référencement. J’ai fait ça pendant presque 3 ans, jusqu’à avoir un peu trop de fourmis dans les pieds.
D’un univers d’auto entrepreneur, je me suis alors retrouvée dans une grosse boite industrielle pour laquelle j’ai piloté la mise en place d’une « usine à site » déployable à l’international, adossée à un extranet monde. Pas forcément fun, mais extrêmement formateur et des problématiques intellectuellement stimulantes.
Il y a un peu plus de 3 ans, j’ai été recrutée par Prisma Presse (GEO, Gala, Voici, Capital, Télé Loisirs,…) comme chef de projet pour le site Femme Actuelle qui venait d’être lancé. A ce moment là, Prisma venait de racheter Programme TV.net (leader du programme tv sur Internet) dont le trafic est basé en grande partie sur le SEO.
La compétence n’existait pas en interne, j’ai levé le doigt pour proposer de m’en occuper, et tout s’est enchainé…
D’une personne à mi-temps nous étions 5 au bout de 3 ans pour gérer l’ensemble des sites du groupe. Une aventure passionnante de bâtisseur, extrêmement enrichissante.
Depuis peu je suis au Figaro, ou je ne fais pas du tout de SEO, mais toujours du web, avec une orientation surtout Marketing et Social Media.
- Tu fais partie d’un monde que je connais peu, celui des projets SEO – marketing web des grosses sociétés. Est ce que ton métier c’est plutôt la conduite de projet, ou plutôt le référencement/marketing ?
En fait c’est les trois : la gestion de projet, le marketing et le SEO. Et je n’ai pas envie de faire une croix sur l’une ou l’autre compétence et me spécialiser. C’est d’ailleurs pour cela que je ne voulais pas d’un poste exclusivement SEO. De plus, dans le web, les métiers sont interpénétrés, décloisonnés.
Savoir faire à la fois du PHP, de la maquette, du CSS, du SEO et du webmarketing, ça m’aide tous les jours…
Et puis, un référenceur, c’est un peu un chef de projet, un peu un développeur et un peu un marketeur.
- Que penses-tu de l’état du secteur ? est ce que le SEO professionnel décolle enfin ?
Les annonceurs commencent à internaliser massivement. C’est une très bonne chose, car dans tout projet SEO il faut un pilote en interne, même si l’on travaille avec une agence. Sinon, les recommandations fournies par celle-ci restent lettre morte.
Le problème actuel, c’est surtout la pénurie. Il est très difficile de recruter un référenceur un tant soit peu sénior, et encore plus difficile de recruter un profil expérimenté capable de monter une équipe et de la manager.
Au-delà de cela, le Search reste encore très clivé : les filles font du SEM, les garçons font du SEO (pour schématiser). Un peu plus de mixité ne ferait pas de mal. De la même manière, la profession est très teintée IT et geek, alors qu’une grosse partie du travail est marketing, commerciale, éditoriale voire « politique » dans les grandes entreprises.
C’est une question d’image en fait. La profession doit encore grandir, gagner de la maturité.
- Tu es depuis peu relativement présente sur le web : Twitter, un jeune blog, une présentation au SMX, etc. Est ce que tu cherches une notoriété particulière ? Ou bien est-ce un concours de circonstances ?
Ma présence n’est pas si récente, elle date de 18 mois environ. Mon compte Twitter a plus d’un an et j’avais déjà fait des conférences et publié des articles avant le SMX.
J’aurai bien sorti mon blog plus tôt (j’avais le nom de domaine depuis un moment) mais je manquais cruellement de temps. J’ai profité d’un moment de répit pour le monter. Depuis, mes pauses déjeuner sont encore plus occupées qu’avant !
Je ne sais pas si on peut parler de « notoriété », car le monde du référencement et Twitter sont tout de même des microcosmes. Ce qui est sûr c’est que j’ai envie de partager ma vision du référencement côté sites média et annonceurs. Il n’y en a pas tant que ça (référenceurs in House, sortez de votre tanière !!!) alors cela me différencie, fatalement.
Et puis comme je l’ai dit, je ne fais plus de SEO « professionnellement » depuis que je suis au Figaro. Cela me permet de partager sans doute plus facilement, et sans pression.
- Comment vois-tu le futur du SEO ? Est ce que tu penses que le métier existera encore dans quelques années (ou alors est ce que Google nous aura tous fait disparaitre ?)
Arf, ça c’est un sujet qui revient régulièrement en France ! Le référencement change constamment, comme l’ensemble du Web. Alors clairement, oui, le SEO va muter (vers le Social Media, notamment) mais on se rend compte à l’usage que tout est mot clé car tout est langage, alors la mort du référencement…
Il va juste falloir qu’on étende encore plus notre champ de compétences. Je crois à une spécialisation des référenceurs à moyen terme : SEO technique, SEO édito, SEO Social, SEO NetLinking.
- Crois tu que les initiatives type SEOCAMP et CESEO sont indispensables ? bienvenues ? superflues ?
Il est très compliqué pour les annonceurs de trier les CV en fonction de critères objectifs, car il n’existe presque pas de formations en référencement, encore aujourd’hui. En fait pour bien recruter un référenceur, il faut souvent en être un soit même. Pas facile…
La certification CESEO devrait aider les sociétés dans leurs recrutements, c’est certain.
Personnellement, j’ai accueilli avec enthousiasme le SEOCAMP car le référencement est un métier solitaire : beaucoup sont seuls de leur « genre » dans l’entreprise (sauf en agence, bien sûr). Nous avons besoin de nous rencontrer et d’échanger. Il est également important de nous structurer pour permettre au métier de se professionnaliser, ce qui est une nécessité au vu de l’importance que prend le Search dans le Webmarketing aujourd’hui.
- Aurais-tu un conseil SEO à nous faire découvrir aujourd’hui ? Un de tes meilleurs secrets ?
Ne pas utiliser la rustine anti duplicate facile et rapide fournie par Google avec la balise canonical. Au-delà du fait qu’ils nous ont déjà fait le coup une fois avec ne nofollow, éradiquer le duplicate content, disposer d’une architecture de l’information saine et logique, c’est ça la clé pour de bons positionnements pérennes.
Je remercie Virginie d’avoir répondu si gentiment (et si rapidement) à mes questions !