La vie, les pigeons, les renards, le SEO ?

juin, 23, 2012
Sylvain

Ça fait bien longtemps que je n’ai pas écrit une ligne sur ce blog, et bientôt je me fendrais d’un billet pour expliquer mes actus et l’orientation que je veux donner à spoonylife, qui va reprendre du poil de la bête dans les prochaines semaines. Mais avant, je voulais moi aussi m’incruster dans les discussions actuelles autour du SEO, à vrai dire cela fait même assez longtemps que je voulais le faire, donc je m’exécute…

Je résume pour ceux qui n’ont pas suivi. Depuis quelques temps, on assiste à un mouvement assez clair de personnes issus du milieu développement/libre/etc. qui dénigre le SEO, on peut voir aussi un large ensemble de textes assurant que la mort du SEO est proche. En réponse, une partie de la communauté SEO s’enflamme, une autre partie s’en tape, et ceux qui restent s’amusent de tout cela. Alors, qui a raison, qui a tort ? Voilà une question qu’on peut se poser. je ne répondrais pas directement, mais je vais plutôt mettre en vrac tout ce à quoi j’ai pensé en lisant les derniers trolls sur le SEO.

  • Se mettre d’accord sur ce qu’est le SEO

J’y vais de ma définition, que je pense correcte : le SEO c’est un ensemble de méthodologies et actions issues du marketing, du développement, du webmastering et de l’écriture dont l’effet est de manipuler les classements fournis par les moteurs de recherches, dans un but financier, publicitaire ou encore idéologique. Et je comprends que cet aspect « manipulation » puisse perturber voire choquer certaines. Le SEO, certains pensent que cela ne devrait pas exister, car dans un monde idéal, les gentils commerçant vendent des bons produits, et les clients les trouvent et les achètent. Tous les vendeurs peuvent vivre sans soucis, car il y a adéquation entre l’offre et la demande, et parce que les clients les trouvent sans problèmes. Mais voilà, le monde n’est pas idéal, et donc il y a besoin du référencement pour que les clients et les vendeurs se rencontrent : le SEO, c’est l’agent matrimonial du commerce en ligne !

  •  La marchandisation du web

Dans les différentes discussions (devrais-je dire trolls) concernant le SEO, il y a de la passion (Julien se reconnaitra), de la mauvaise foi (un peu tout le monde, mais pas tout le temps, et pas tout le temps les mêmes, et je plaide coupable aussi), mais il y a des instants de vérité. Parmi ceux-là, il y a l’instant anti-fric des détracteurs du SEO.

Il y a en effet un reproche clair qui est fait : la marchandisation du web, c’est en partie la faute des référenceurs. Pourquoi ? car ils sont les vendeurs d’armes qui permettent aux mercenaires de la nouvelle bulle internet de mener leur guerre. En 2000, il y a eu une bulle, mais cette bulle était différente : des gens qui maitrisaient la technique prenaient du pognon au grand capital en vendant des solutions techniques inutiles. En 2012 on a une vraie bulle commerciale : des gens issus du marketing font appel à des référenceurs (profil mixte info/marketing) pour vendre des choses inutiles et peu techniques (des réseaux sociaux, des plateformes de partage, etc.) au grand public, quelle honte ! Pour les pionniers de l’internet, à qui il faut rendre le mérite qui est le leur, c’est difficile à comprendre et à avaler.

  • Mensonge, tromperie, arnaque ? A propos des aspects techniques

Le SEO ce n’est pas que de la technique, n’importe quel bon SEO le sait. Mais dans l’imaginaire populaire ce n’est pas si évident. Pourquoi ? D’abord car une grande partie de la communauté informaticienne ne comprends réellement que ces aspects là, qui sont particulièrement simple comparativement à ce que peut pratiquer un développeur classique, ou un administrateur système, un spécialiste réseaux, ou un spécialiste de la sécurité, ou… Il y a donc un mépris des « vrais » techniciens envers le SEO à cause de ça.  Le cas particulier des développeurs web est intéressant, ceux qui ne comprennent pas ce qu’est le SEO le confonde avec les bonnes pratiques web, et ne voient donc pas l’utilité d’un secteur économique supplémentaire qui fait une sous-partie de leur métier (selon eux bien sûr).

Par ailleurs, pour le reste de la population, le SEO c’est du travail « full day sur l’ordinateur », et donc c’est forcément un métier technique, car l’ordinateur c’est un outil dont les gens ne comprennent pas le fonctionnement, car c’est de la « technique de haut niveau »… Quand un développeur haut de gamme entend le peuple louer le niveau technique du SEO, ça l’énerve, et donc il crie à l’arnaque, pourtant les référenceurs n’y sont pour rien.

  • La confusion induite par la popularité du BH

Il y a actuellement une incompréhension concernant le référencement web, et cette confusion a comme source le manque d’information, mais aussi, je n’hésite pas à le dire, la prédominance du BH. Qu’on me comprenne bien : je n’ai RIEN contre le BH, je trouve d’ailleurs ça très amusant, et sans BH, une partie de mes recherches n’existeraient pas, et vu qu’elles ont mené à des avancées en dehors de l’algorithmique du web, cela aurait été dommage. En plus, j’ai plein d’amis BH, et moi aussi je sais faire des choses BH, quoique très différentes de ce qui se vend actuellement dans la communauté.

Alors je n’hésite donc pas : il y a une forme de tromperie involontaire dans le BH. Cette tromperie involontaire n’existait pas quand les gens apprenaient le BH en 1 to 1, ou sur le tas. Mais avec l’apparition des grands évènements qui contiennent des conférences BH, on a un effet pervers : les gens pensent que le BH c’est  facile. Mais c’est une illusion, croyez vous, quand X ou Y parle de son réseau de 2343 sites, que cela a été fait en appuyant sur un bouton et que cela a duré le temps d’un café ? non bien sûr il a fallu 3 mois de boulot pour réaliser ce que cache le bouton, mais ça les gens ne le perçoivent pas. Par ailleurs les gens ne comprennent pas les risques associées aux techniques BH, et donc qu’à chaque contexte de besoins SEO, il y a une vraie réflexion à mener sur ce qui doit être, et ce qui peut être, mis en place. Pour ce dernier point, je vais faire une analogie très simple. Imaginez que vous soyez promoteur immobilier, vous avez acheté un terrain avec un vieil immeuble dessus, et vous devez le détruire. Vous avez deux possibilités : le WH c’est la déconstruction, le BH c’est l’utilisation des explosifs. Dans le premier cas le résultat est (quasiment) garanti, mais le prix va être haut, et peut grossir à vue d’oeil (par exemple, vous découvrez que les mures en béton contiennent 3 fois plus d’armatures en fer que prévu, il vous faut donc plus de main d’oeuvre et de disqueuses). Dans le deuxième cas, en poussant un bouton vous péterez tout l’immeuble, mais poser les explosifs, savoir quels explosifs utilisés, combien, où les mettre, c’est un travail d’expert qui va prendre beaucoup de temps et couter cher, mais si vous ne le fait pas, c’est peut être les immeubles voisins qui s’écrouleront avec le votre…

Avec ce dernier problème de risque mal comrpis, de jeunes référenceurs font n’importe quoi, et donc les clients sont mécontents, et crient à l’arnaque, quoi de plus naturel ?

  • Finalement on en est où ?

Finalement, et c’est un peu triste, il n’y a pas eu de progression (ou très peu) sur le front de la  légitimation du boulot de référenceur. En revanche, on a bien réussi à créer un esprit SEO, même si il y a un clivage entre BH et WH, qui est en fait plus un clivage entre « référenceur in-house » et « référenceur freelance pour soi-même ». Que reste t-il à faire ? Je l’ai toujours dit, et je n’en varie pas, il faut la normalisation des méthodologies de base, il faut des certifications, des diplômes, de la labellisation, bref il faut devenir un secteur économique comme un autre. Ce sera moins fun, mais c’est le prix à payer pour la reconnaissance… Et pour le fun il y aura toujours la chasse aux zombies en Bretonnie (PJ), les apéros mouillés (PJ) et surtout notre ami fun national et ses camarades (PJ).

 

Voilà mes pensées, commentaires bienvenus, dans la joie ET la bonne humeur 😉

Picture: courtesy of Abby Blank